Par sa transparence comme par son aspect satiné, la cire s'apparente à
la délicatesse de la carnation humaine ; elle confère aux personnages
exécutés dans cette matière une éternelle jeunesse par un reflet du
vivant, presque plus vrai que nature...
Les Moniales de différents ordres monastiques, en partilculier les
Carmélites, ont su en tirer parti pour introduire, en Europe comme
au Canada, un art remarquable de finesse, de sensibilité et de
simplicité. Elles désiraient de tout cœur introduire la Sainte
Famille dans les foyers et tandis que la statuaire industrielle de
plâtre envahissait les églises, elles ont offert pour la fête de
la Nativité des figurines émouvantes de tendresse où, comme une
caresse, la lumière se reflète. Leurs œuvres d'art sont amplement
méconnues alors que leurs mains priantes savaient leur conférer une
intensité qui transcende la seule dimension artistique. La cire leur
a permis d'offrir un portrait idéal de la Vierge Marie ; elles n'en
ont pas moins traduit son expression maternelle, révélant le
caractère céleste de ce qui l'unit à l'Enfant Jésus. Ainsi, leurs
figurines sont “habitées de présence”.
À l'occasion de Noël, les créchistes s'emploient à dresser dans
les églises des décors abondants et bien souvent animés, pour
accueillir les santons et rendre hommage à ces artistes qui, dans
le silence de leurs monastère, les ont réalisés. Ce “petit
patrimoine” (de chefs d'œuvres tellement fragiles!), extrait des
armoires, restauré et ré-habillé, “revit” ainsi chaque année. De
fait, il tient un rang unique dans l'art et plus particulièrement
dans l'art sacré.
La photographie tend à mettre en valeur ce qui demeure caché du
visiteur lorsque les personnages lui tournent le dos, sont
dissimulés derrière une grille, ou sont trop éloignés de lui.
Elle permet de saisir l'intensité de leur regard.