LES FEMMES NOMMÉES MARIE DANS
L'ÉVANGILE DE LUC
MARIE, LA MÈRE DE JÉSUS!
Marie, la mère de Jésus était nommée douze fois dans les deux premiers
chapitres de L'Évangile de Luc, comme Myriam la sœur de Moïse et d'Aaron
l'avait été douze fois également dans les cinq livres de la Torah.
Dans les chapitres suivants, Marie est le nom d'autres femmes devenues
disciples, comme si la mère de Jésus s'était effacée pour leur laisser
la place.
C'étaient:
- Marie appelée la Magdalène (Marie Madeleine (Luc
8:2 et 24:10)
- Marie la soeur de Marthe (Luc 10:39-42)
- Marie de Jacques (Luc 24:10)
- Marie la mère de Jean-Marc (Ac 12:12)
Luc ne disait pas que Marie était originaire de Magdala mais qu'elle
était "appelée la Magdalene". La nommant pour la seconde fois il se
contentait d'écrire qu'elle était "Marie la Magdalene".
La tradition voyait Marie comme originaire d'une ville nommée Magdala
dont la racine hébraïque signifiant forteresse ou citadelle avait donné
lieu à la formation de nombreux noms de villages et de villes. Migdal
Nunya ou “tour des Poissons” (Pessahim 46a) petit village des bords du
lac aurait été rebaptisé Tarichée (= salaison) en grec , l'arabe Medjdel
conservant l'empreinte du nom initial.
L'origine géographique qui permet d' identifier un personnage s'ajoute
simplement au nom, comme par exemple Simon le Cyrénéen, ou Lysanias
d'Abylène etc. Quand il s'agit d'un surnom, Luc tendait à le préciser ,
ainsi Simon “appelé Zélote”.
Marie la Magdalene indiquait l'origine ; "appelée la Magdalene" laissait
voir un surnom. Un surnom est généralement empreint d'ironie. Marie
Madeleine était originaire d'une ville dont le nom avait été attaché à
sa personne car il était suggestif. L'hébreu Migdal recouvre différents
sens. Dans le Cantique des Cantiques il évoque un parterre embaumé:
«Ses joues ressemblent à des
“migdalot” exhalant leurs
parfums.»Ctq 5:13
Jésus l'avait délivrée de sept démons; avec un verbe au
plus-que-parfait, Luc laissait entrevoir un retournement total,
définitif, comme si la forteresse était tombée.
Luc parlait d'elle après l'épisode chez Simon le Pharisien où une
"pécheresse dans la ville" (Lc 7:37) vint en pleurs se blottir aux pieds
de Jésus. Étaient-elles une seule et même femme? On peut le penser en
référence au mode d'écriture lucanien sinon à suivre la tradition. De
quelle ville s'agissait-il? Magdala n'étant nommée qu'ensuite à travers
le nom "la Magdalene", il devait s'agir d'une autre ville, une ville
nommée précédemment.

La
dernière à avoir été nommée était Naïn ville jumelle de Shunem au pied
du Moreh en bordure de la plaine de Yizréel - qui signifie le “Seigneur
sèmera" et où Jésus en compagnie de ses disciples hommes et femmes
énonça la parabole du semeur, juste sous le promontoire de Nazareth d'où
les siens vinrent à sa rencontre (Luc 8,19).
À Naïn Jésus venait alors de ressusciter un jeune homme; ce geste aurait
retourné et bouleversé la pécheresse. De ce relèvement de la mort elle
aurait été témoin; témoin non seulement oculaire, mais témoin par sa
propre vie. Elle aurait alors vécu un retournement complet dans son âme
comme dans sa chair. Par sa conversion elle attesta que la résurrection
du jeune homme avait été un acte “vital”, vivifiant non seulement pour
lui-même mais pour l'entourage. Elle même vécut une résurrection dans sa
chair fanée pour "avoir trop aimé" disait le copiste du texte alecandrin
. Délivrée de sept démons qui se livraient la guerre en se partageant
ses dépouilles elle fut restaurée en une citadelle inébranlable.
C'est donc à plus d'un titre que Marie Madeleine aurait droit à celui de
témoin car il est plus difficile de se convertir que de mourir martyr.
Magdalene fait aussi penser à Meggido, de l'autre côté de la plaine de
Yizréel, juste en face de Naïn et Shunem
des
lieux marqués de mémoire. La racine hébraïque Meged signifie ce
qui est précieux, le meilleur. Meggido était une en outre une forteresse
défendant le grenier à blé de la Galilée.

En
novembre 2005 fut mis à jour sur le site de Meggido, le pavement d'une
salle de prière remontant au IIIème siècle, avec les noms des deux
dédicataires Gaianus, un militaire romain qui offrit la mosaïque décorée
de poissons, et Akeptous la femme qui offrit la table dédiée à «Dieu
Jésus Christ».
«Une aimant-Dieu, Akkeptous, a offert cette table à Dieu Jésus Christ en
mémorial»
L'inscription commémorative de quatre femmes Chrétiennes Primilla,
Kuriakê, Dorothée et Khrêste, laisse supposer qu'elles avaient connu le
martyr.
2 - MARIE LA SŒUR DE MARTHE
Jésus fut invité par Marthe dans un certain village dont Luc taisait le
nom (Luc 10:38-42). Pourquoi a-t-il gardé cet épisode fait de rivalités
féminines ? Car Marthe en voulait à sa sœur de lui prendre la vedette
alors que c'était elle qui avait invité Jésus sous son toit.
Si Marthe avait eu besoin de l'aide de Marie, et si Marie était encore
sous son autorité, elle se serait adressée directement à elle : or elle
fit une remontrance à Jésus, non à sa sœur.
Si Marie faisait une avec Marie Madeleine, Marthe se serait étonnée
qu'en la remettant dans le droit chemin, Jésus ne l'ait pas incitée à
revêtir le tablier, comme toute femme au foyer. La réponse de Jésus
disant que Marie avait «choisi la meilleure part» révélait sa liberté
intérieure. Délivrée de sept démons elle était en mesure de choisir, et
son choix s'était porté sur Lui, "la bonne part" ; cette bonne part est
d'ailleurs évoquée dans le Psaume 16, un Psaume rédigé par un “Moi” de
genre féminin en Hébreu, et qui s'adressait à Dieu en disant: «Ma part
d'héritage et ma coupe c'est Toi!»
Alors que les Douze, des Apôtres, avaient été choisis par Jésus, Marie,
de son plein gré, de son propre mouvement, avait fait choix de Lui.
Mais Marie la sœur de Marthe pouvait être une autre que "la Madeleine"
même si elle la rappelait par son attitude aux pieds de Jésus; elle
manifestait clairement qu'il avait des disciples femmes au même titre
que des disciples hommes.
Marie de Jacques était
l'épouse de Jacques
"le frère du Seigneur", ce
compagnon de Cléopas
qui cheminait avec lui sur
la route d'Oulammaus.
Si Jacques était bien le même personnage que le
Nathanaël
de l'évangile de Jean, marié au tout début du ministère de Jésus à Cana,
son épouse Marie avait pu devenir disciple très tôt et peut-être
était-elle la sœur de Marthe (?).
Elle accompagnait Marie Madeleine au tombeau et l'expérience que l'une
avait faite dans sa chair pouvait être éclairée par l'intelligence que
l'autre avait des paroles du Christ. Marie était l'épouse d'un prêtre;
appartenant à la classe sacerdotale, si elle n'était pas lettrée, elle
avait une proximité particulière avec l'Écriture et l'enseignement de
Jésus.
Logique qu'avec Marie Madeleine, elle se soit retrouvée au tombeau le
matin de la Résurrection, se rappelant les actes et les paroles de
Jésus, comprenant intimement, intuitivement, qu'il s'était relevé de la
mort. Marie Madeleine le saisissait d'autant mieux qu'elle avait vécu
elle-même un relèvement non seulement spirituel mais charnel.
La racine grecque
mnêma qui est à la fois le tombeau et le
souvenir, revient sept fois dans l'épisode comme un appel à faire
remonter des profondeurs du tombeau les intentions énoncées par Jésus
durant sa vie. Dans sa résurrection, le Christ s'adressait en premier
aux femmes, alors même qu'il avait choisi de ne pas leur apparaître,
pour leur adresser les prophètes.
Unifiant ces femmes entre elles, l'évangéliste Jean a conféré à Marie
(Madeleine) les traits d'une linotte: Se tournant en tous sens, le matin
de la résurrection, elle ne reconnaissait pas le ressuscité. En outre
Jésus prenait congé de cette femme forcément impure, en lui disant "ne
me touche pas", réservant à Thomas de porter la main à son côté. Ce
détournement, permettait à l'évangéliste de réserver au disciple
bien-aimé, en premier, l'intelligence de la résurrection.
Or si Marie était bien la femme de Jacques le frère du Seigneur, elle
eut accès à la résurrection avant son époux qui s'empêchait de
reconnaître Jésus alors même qu'ils cheminaient ensemble.
4 - MARIE LA MÈRE DE JEAN-MARC
Elle n'est pas nommée pour elle-même mais pour la demeure qu'elle
possédait dans les faubourgs de Jérusalem, et parce qu'elle était la
mère de Jean-Marc. Celui-ci était un neveu de Barnabé, Marie étant sa
sœur. Dans sa maison se réunissaient les frères à l'époque où Agrippa I
persécutait la communauté (Acts 12,12). C'est là que Pierre se rendit à
sa miraculeuse sortie de prison, mais il n'y resta pas, se réfugiant en
un lieu sûr sur lequel Luc n'a pas estimé utile de donner davantage de
précisions.