JÉSUS S'ESTIMAIT-IL PRÊTRE ?
LES DIFFÉRENTES TRADITIONS
Nombre de disciples et de personnages de l'Évangile sont demeurés dans
l'anonymat, les évangélistes ne trouvant pas nécessaire de les
identifier nommément; le compagnon de Cléopas n'était que l'un d'entre
eux. Alors pourquoi s'interroger sur son identité?
Peut-être parce que depuis l'Antiquité, les commentateurs n'ont pas
cessé de le faire.
- - Se fondant sur la première épître de Paul aux Corinthiens selon
laquelle Jésus serait aussi apparu personnellement à
Jacques(1Co15:7), la tradition voyait dans le compagnon de Cléopas,
le frère de Jean dit Jacques le Majeur.
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Caravaggio, la Cène d'Emmaus, Londres, NG.
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Jacques Le Majeur s'étant retrouvé au centre du culte de St Jacques de
Compostelle, dans les représentations de la Cène d'Emmaüs, apparaît
parfois une coquille sur le vêtement ou le chapeau du compagnon de
Cléopas, quand ce n'est pas sur le Christ lui-même. L'expression
“pèlerins d'Emmaüs”, provient de l'influence exercée par cette
tradition.
Pourtant il est bien clair que ce ne pouvait être Jacques, le frère de
Jean, puisqu'il était l'un des Douze Apôtres et, qu'à leur retour, les
deux compagnons trouvèrent réunis les Onze, c'est-à dire les Douze moins
Judas. En identifiant le compagnon de Cléopas à Jacques le Majeur, on ne
tenait pas compte de cette précision Lucanienne. Lui substituer l'Apôtre
Jacques fils d'Alphée revenait au même. Il fallait donc chercher
ailleurs.
- - Grégoire le Grand dans le prologue de son commentaire sur Daniel
répercutait une tradition, à laquelle il n’ajoutait pas foi, mais
qui fut reprise par Théophylacte puis Jacques de Voragine jusqu'à
Catherine Emmerich: le Compagnon de Cléopas n'était autre que
l’évangéliste lui-même.Effectivement le récit, deux fois plus long
que celui de l’apparition aux femmes, ou même aux Apôtres réunis, ne
se trouvait que chez lui. Mais comme il passait pour un citoyen
d'Antioche qui n'avait pas été disciple de Jésus, Augustin avait
cherché à concilier ingénieusement cette tradition avec l'autre,
faisant de Luc l'hôte du village d'Emmaus qui, témoin de la Cène,
serait devenu à l'occasion de cette rencontre un disciple, lui
aussi. L'hôte devenait dès lors le témoin important.
Codex Egberti IXs
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Caravage donnait ici sa version de l'oeuvre du Titien avec Luc
debout à la droite de Jésus.
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- - Hégésipe, cité par Eusèbe, penchait pour le fils de Cléopas,
qu’il pensait avoir pris la relève de la communauté de Jérusalem à
la mort de son cousin Jacob en 62. Il l’appelait Simon, un nom que
reprenait Origène. Cependant quelques anomalies fragilisent ces
récits.
- Ambroise et Maxime de Turin l’appellaient Ammaon...
- Epiphane voyait en lui Nathanaël et le synaxaire éthiopien
Nicodème.
- D'autres ont pensé à Matthias qui allait prendre la place de Judas
L'ÉTAT DU DOSSIER
Si plusieurs personnages des épisodes évangéliques ont été gardés dans
l'anonymat, Luc a cependant pris le soin d'en nommer beaucoup, notamment
dans ses récits de la Résurrection:
Avec Marie Madeleine et Jeanne présentées auparavant, il y avait Marie
de Jacques, nommée pour la première et la dernière fois, tout comme
Cléopas. Elles s'acheminèrent ensuite auprès des Onze, dont tous les
noms étaient connus. Avec eux d'autres demeurés dans l'anonymat
Comment comprendre que Jésus soit apparu en tout premier à deux
illustres inconnus? Car il s'agissait bien de la première apparition
puisque les deux compagnons avaient quitté les Apôtres après qu'ils
aient constaté les dires des femmes sur le tombeau vide. Quand ils
furent de retour à Jérusalem, ils apprirent que Pierre venait de
bénéficier, lui aussi, d'une apparition du Ressuscité.
« Le Seigneur s'est réellement réveillé; il est apparu
à Simon! »
Quand l'apparition s'était-elle produite? Pendant leur trajet de retour
apparemment. Ils avaient en effet marché près de trois heures avec Jésus
avant de se mettre à table avec lui; après s'être rendu invisible d'eux,
il serait allé à la rencontre de Pierre. Le lecteur avait connaissance
des apparitions selon cet ordre chronologique qui donnait la primauté à
Cléopas et son compagnon sur Pierre. Le destinataire d'une apparition en
était forcément valorisé aux yeux des autres. C'était le cas de Pierre à
qui Jésus était apparu personnellement. Cela ne pouvait que favorisser
la confiance en lui et asseoir son autorité. Cependant comment admettre
que Jésus soit apparu à deux autres avant lui, lui le premier des
Apôtres?
Pour répondre à cette question, la finale longue de l'évangile de Marc
accordait aux deux compagnons le rôle reconnu à Marie Madeleine et aux
autres femmes, d'informer les Apôtres . Pas plus que les premières ils
ne les auraient cru, si bien que c'est aux Apôtres réunis et non plus
aux deux compagnons que Jésus reprocha le manque de foi.
Cette présentation visait en définitive à ne pas accorder d'importance à
la Cène ultime de Jésus avec les deux disciples bien qu' elle soit une
explicitation de la précédente: en prononçant la bénédiction sur le
pain, en le rompant et en le leur donnant Jésus se faisait reconnaître
des deux hommes. Et comme il se rendait invisible, la parole dite avant
la Passion
“Ceci est mon Corps” trouvait une
actualisation nouvelle. Cette ultime Cène était nécessaire à
l'institution de l'Eucharistie, puisque dans l'évangile de Luc, selon le
Codex Bezae, il n'y a pas le commandement
«faites
ceci en mémoire de moi» en clôture des paroles eucharistiques.
C'est la Cène dite d'Emmaus qui invitait à prolonger le geste
manifestant la présence.
Par contre le commandement se trouve chez les deux autres Synoptiques
qui n'ont pas cette ultime Cène.
Comment la tradition allait-elle intégrer cet épisode? En le
relativisant, la finale longue de Marc manifestait à quel point il était
problématique d'un point de vue hiérarchique. Pour être accueilli il
était nécessaire que le compagnon de Kléopas soit le second des Douze,
sinon l'un d'entre eux.

En
plaçant au premier plan les mets du repas, Caravaggio se donnait le
plaisir de peindre une nature morte et relativisait en même temps le
caractère sacré de cette Cène dont l'importance, pourtant n'échappait à
personne. Que des Pères de l'Église et la tradition à leur suite aient
désiré voir dans le compagnon de Cléopas l'Apôtre Jacques, nommé en
second dans la liste des Apôtres, est assez compréhensible.
Pourtant ce n'était pas lui.
Mais alors qui?
SIMON PIERRE ?
Le codex Bezae offre un leçon particulière:
Le participe “disant” est un nominatif pluriel (LEGONTES) ; Cléopas et
son compagnon en sont le sujet. Dans les autres manuscrits, ce participe
est à l'accusatif (LEGONTAS), avec pour sujet les Onze et tous les
autres.
Ainsi selon le codex Bezae, ce ne sont pas les Apôtres qui dirent
"Vraiment
le Seigneur s'est réveillé et il a été vu de Simon", mais les
deux disciples; Cléopas aurait insisté sur le fait que son compagnon, en
l'occurrence Simon , avait vu le Seigneur vivant. Le parallèle Latin
évitait la difficulté puisque DICENTES est à la fois un nominatif et un
accusatif, n'obligeant pas le traducteur à trancher.
Hégésipe donnait au compagnon de Cléopas le nom de Simon et il pensait
que c'était celui qui succéda à Jacques comme guide de la communauté de
Jérusalem; il devait se référer au même texte que celui du codex Bezae
qui n'était donc pas le seul témoin scripturaire à comporter LEGONTES.
Comme certains auteurs ont pensé à Simon-Pierre lui-même , il y a lieu
de se demander si cette leçon n'était pas une tentative très ancienne de
faire passer le premier des Apôtres pour le compagnon de Cléopas.
JACQUES LE JUSTE ET LA TRADITION
Car on ne saurait ignorer cet écrit apocryphe du premier siècle,
l'Évangile aux Hébreux, qui retraçait la célébration d'une Cène après la
Résurrection, en présence de Jacques le Juste:
«Et quand le Seigneur eut donné le tissu de lin au serviteur du
prêtre, il vint à Jacques se manifestant à lui. Jacques avait juré
qu'il ne mangerait pas de pain depuis l’heure où il avait bu à la
coupe du Seigneur jusqu'à ce qu'il le vît relevé de ce sommeil”. Et
aussi: “Apportez une table et du pain!” Et immédiatement après: fut
apporté du pain qu’il rompit et bénit, le donnant à Jacques le juste
en lui disant: “Mon frère, mange ton pain parce que le Fils de l'homme
s’est relevé du sommeil”». (Jérôme, Hommes Illustres II )
Jérôme tenait en haute estime cet évangile puisqu'il en avait assuré la
traduction.
Le titre “Fils de l’homme” , est gage d'ancienneté car il disparut des
écrits apostoliques et patristiques , alors qu'on le retrouvait dans les
chapitres les plus récents du premier Livre d'Enoch (fin du Ier siècle).
Comme eux l'Évangile aux Hébreux relevait d'une littérature
Judéo-Chrétienne élaborée au sein de communautés qui n'avaient pas coupé
avec la Synagogue et où la personnalité de Jacques , le frère du
Seigneur, tenait une place prépondérante. Elle avait laissé une forte
empreinte dans l'Évangile de Thomas:
« Où que vous soyez allés, vous irez vers Jacques le
Juste, pour qui ont été faits le ciel et la terre. » (Év de
Thomas, XII).
Jacques le Juste était celui dont Hégésipe, un contemporain de Justin,
cité par Eusèbe disait:
« Le frère du Seigneur, Jacques, reçut l’Eglise avec
les apôtres. Depuis les temps du Seigneur jusqu’à nous, tous
l’appellent le Juste, puisque beaucoup portaient le nom de Jacques.
Cet homme fut sanctifié dès le sein de sa mère. » C'était le
portrait d'un prêtre
1.
Clément d'Alexandrie écrivait lui aussi :
«Pierre, Jacques et Jean, après l'Ascension du
Sauveur, après avoir été particulièrement honorés par le Sauveur, ne
se disputèrent pas pour cet honneur mais choisirent Jacques le juste
comme évêque de Jérusalem....
À Jacques le juste, à Jean et à Pierre, le Seigneur
après sa résurrection donna la gnose, ceux-ci la donnèrent aux autres
apôtres; les autres apôtres la donnèrent aux soixante-dix, dont l'un
était Barnabé.» Clément d'Alexandrie Hypotyposes, ch 6 et 7,
cité par Eusèbe, Histoire Ecclésiastique 2:1:3-4
Mais Eusèbe, qui ne voulait considérer que deux Jacques, les deux
Apôtres de la liste des Douze, faisait passer Jacques le Juste pour le
fils d'Alphée; mais ce n'était pas le cas de Jérôme dans ses Hommes
Illustres.
La personne de Jacques le Juste, s'est trouvée mise à l'ombre au fur et
à mesure que l'institution romaine gagnait en puissance.
Pourtant c'est lui que Paul plaçait au rang des destinataires des
apparitions:
[3] Je vous ai enseigné
avant tout, comme je l'avais aussi reçu, que le Christ ... [5]
est apparu à Céphas, puis aux Douze. [6] Ensuite, il est apparu à plus
de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants,
et dont quelques-uns sont morts. [7] Ensuite, il est apparu à Jacques,
puis à tous les apôtres. [8] Après eux tous, il m'est aussi apparu à
moi l'avorton...». (1Co,15).
Jacques se retrouvait à l'avant-dernier rang, juste avant Paul, la
primauté étant donnée à Pierre. Cet ordre était-il chronologique? Le
chiffre Douze permet d'en douter. L'expression les Douze avait pris le
pas sur la réalité historique. Le jour de la Résurrection ils n'étaient
que Onze. L'apparition à tous les Apôtres, doit s'entendre de
l'assemblée des Douze avec les disciples comme celle des 120 à la
Pentecôte.
Bien plus que le respect de la chronologie, l'ordre des apparitions
avait une visée hiérarchique . Sinon Paul qui ne venait qu'en dernier
n'aurait pas eu besoin d'ajouter:
«Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et sa
grâce envers moi n'a pas été vaine; loin de là, j'ai travaillé plus
qu'eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec
moi.»
L'écriture de Paul offre un interstice permettant d'envisager que
Jacques le Juste fut le compagnon de Cléopas et le premier dans l'ordre
chronologique à avoir vu Jésus vivant après sa crucifixion.
JACQUES LE JUSTE DANS L'ÉVANGILE DE LUC
Jacques le Juste dont le récit des Actes dresse un portrait fidèle, sans
pour autant dire son origine ou ses liens de parenté, n'est pas absent
de l'évangile où il est nommé de manière discrète, allusive.
«MARIE DE JACQUES»
Son nom apapraît dans le premier épisode du chapitre 24. Parmi les
femmes venues de grand matin sur la tombe il y avait en effet une
“Marie
de Jacques”, nommée pour la première et l'unique fois.
Était-elle sa fille ou son épouse?
L'expression au génitif dit l'appartenance. Marie était de Jacques; elle
était sa fille ou sa femme. La seconde proposition, sa femme, est la
plus probable, car ce sont plutôt des femmes mariées qui suivaient
Jésus.
Selon Paul (1 Co 9:5) les frères du Seigneur étaient accompagnés de leur
“femme-soeur”, ce qui s'entend d'une épouse devenue elle-même disciple.
Cette Marie de Jacques n'était-elle pas la femme de Jacques le Juste?
« JUDE DE JACQUES »
Luc n'avait pas été plus loquace concernant
“Jude de
Jacques”, l'un des Douze. L'expression s'entend du fils et de
son père et non du lien fraternel. Or dans son Epître Jude se présentait
comme le frère de Jacques, généralement identifié à Jacques le Juste.
Mais s'agit-il du même Jude? Si le Jude de la liste des Douze était
l'auteur de l'épître signée de ce nom, il faudrait en déduire quei
Jacques le Juste et Jude auraient eu pour père un nommé Jacques. L'aîné
des fils recevait le nom du grand-père paternel; Jacques plus jeune que
son frère Jude aurait reçu le nom du grand père maternel.
« LE PATRIARCHE JACOB »
Luc a disséminé des allusions au Patriarche Jacob dans le récit de
l'apparition aux deux disciples, et aussi dans l'épisode précédent:
- la pierre roulée loin du tombeau évoquait
la pierre roulée de dessus le puits par le patriarche Jacob à
l'arrivée de Rachel; la pierre roulée était un symbole de l'amour
décuplé à la vue de l'aimée. Marie, l'épouse de Jacques,
(transcription française de Jacob) était là pour le rappeler.
- Une vision d'anges: selon Cléopas et son
compagnon, les femmes auraient eu une vision
d'anges, alors qu'elles avaient bien vu deux hommes
en vêtements d'éclair. Leur rapport avait permis aux deux compagnons
d'évoquer entre eux la vision du patriarche Jacob et le songe qu'il
eut à Béthel.
- Oulammaous: Justement le codex Bezae ne porte pas le nom EMMAUS
mais OULAMMAOUS, le premier nom de BÉTHEL.
Se reporter à l'article



De même qu'
OULAMMAOUS cachait
BÉTHEL,
l'anonymat était sensé préserver Jacques le Juste. Mais contre quoi
avait-il tant besoin d'être protégé?
LA RIVALITÉ ENTRE LES APÔTRES
La rivalité n'a jamais épargné personne, à plus forte raison ceux qui
ont cherché à s'approcher du Christ.
Luc s'est fait l'écho de celle qui inquiétait le coeur des Apôtres:
- «et ils craignaientd'interroger sur la parole
suivante [ ] : " qui pourrait être plus grand qu' eux?"»
- « Reprenant alors, Jean dit : "Maître, nous
avons vu quelqu'un, sur
ton nom expulsant des démons, et nous l'avons empêché parce qu'il
ne suit pas avec nous". Or Jésus dit: " ne l' empêchez pas! qui en
effet n'est pas contre vous, est pour vous."» Lc 22 : 43 et
49-50
- Alors advint même une rivalité entre eux à
savoir: "lequel
[d'eux] pourrait être plus grand ?" Lc 22:24
Ces paroles restent énigmatiques car le Grec permet deux lectures de par
la disparition de l'article devant le superlatif attribut
[le]
plus grand d'[entre] eux, qui peut alors être pris pour un
comparatif et lu
plus grand qu'eux. Marc et
Matthieu ont résolu le problème en faisant disparaître le pronom, la
question étant de savoir lequel était le plus grand après Jésus et digne
d'accéder à la première place.
Mais le comparatif donne à entendre qu'ils redoutaient la prééminence
d'un disciple extérieur à leur groupe, tel cet anonyme qui chassait les
démons au nom de Jésus et qui, sans être disciple, avait sa confiance.
Jacques le Juste pourrait bien avoir été au coeur de leur dilemne, lui
que Paul appelait
le frère du Seigneur et
Josèphe
le frère de Jésus . Son lien de
parenté avec le Christ, était entre eux source d'une intimité qui
attisait la jalousie. Et même si Jésus avait pris soin de manifester
qu'il ne favorisait pas le népotisme des siens, les Apôtres redoutaient
une interposition entre eux et Jésus.
JACQUES LE FRÈRE DU SEIGNEUR
Dans son épître, Jacques comparait à l'homme qui se regarde dans un
miroir oubliant aussitôt après son visage , celui qui ne met pas la
parole en pratique ; s'y dessine une parenté avec la parole de Jésus
«
et mes frères sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui
agissent» . Jacques était donc très attentif à ne pas oublier
ce qu'il avait entendu.
Était-il trop jeune pour prendre la place laissée par Judas? On mit des
conditions à ce remplacement : avoir suivi depuis le baptême de Jean.
Cela éliminait Jacques, puisque à cette époque
il ne
suivait pas avec eux.
Jacques était présent aux côtés de Pierre quand Paul fut présenté par
Barnabé à la communauté de Jérusalem. Mais Luc prit soin de ne le nommer
que plus tard quand quittant miraculeusement les prisons d'Agrippa, vers
43, Pierre , qui trouvait refuge hors de Jérusalem, confiait la
communauté à Jacques. Il put la conduire jusqu'en 62.
Présence éminente et discrète à la fois. il écoutait les frères avant de
prendre la parole. Et après avoir exprimé son point de vue, la décision
était prise collégialement. C'est ce qui ressort des deux épisodes des
Actes où Jacques était nommé. Il mettait la parole en pratique , puisque
sa lettre exhortait à se montrer prompt à écouter et lent à parler.
Si Luc a tu son nom dans l'évangile, c'est fort probablement sur sa
demande. Il pouvait lui paraître préférable de rester au second plan
pour ne pas fragiliser le gouvernement de Pierre mais lui permettre, au
contraire, de s'appuyer sur lui.
En écrivant son évangile après 43, Luc n'avait pas de raisons d'oublier
le nom de Jacques. Ce détail appuie la thèse d'une rédaction haute
destinée à Théophile le grand-prêtre en fonction de 37 à 41.
I -
Identification du lieu-dit Emmaus
II -
Identification du compagnon de
Cléopas
III -
Le disciple Bien-Aimé
IV
- Les frères de Jésus: La
fin de l'Énigme?
V
- Jean L'évangéliste, mort et renaisssance
VI
- En définitive, Qui était Luc ?
1 - Ce thème fut
développé par Épiphane qui, reprenant une tradition courant sur le
disciple bien-aimé, parlait de Jacques comme d'un grand prêtre entrant
dans le Saint des Saints et portant la lame d'or selon l'ancien ordre
sacerdotal , et bien qu' étant un descendant de David , cf
Panarion/Haer. 29:4;2-4; 78:13,5.
Bibliographie:
Wilhelm Pratscher: Der Herrenbruder Jakobus
und die Jakobustraditionen: FRLANT 139 (Göttingen: Vandenhoeck &
Ruprecht, 1987).
Richard
Bauckham, Jude and the Relatives of Jesus in the Early
Church,
Edinburgh,1990. James: Wisdom of James, disciple
of Jesus the sage. New Testament Readings (London/New York: Routledge,
1999).
Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère du Seigneur, Noësis,
1996
Robert Eisenman, James
the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early
Christianity and the Dead Sea Scrolls, 1997.
John Painter, Just James. Columbia:
University of South Carolina, 1997
Mark Cameron: (mai2000) James
on the road to Emmaus,
Hershel Shanks and Ben Witherington, The Brother of Jesus. New York:
HarperSanFrancisco, 2003.
Bruce Chilton, James
the Just and Christian Origins, Brill 1999
F Manns: quelques
variantes du codex Bezae de Luc 24 , Liber annuus 2005
Sylvie Chabert d'Hyères
© Copyright, Janvier 2006