Bibliographie:
- J Rius Camps & Jenny Read-Heimerdinger: The Message of Acts in Codex Bezae: A Comparison With the Alexandrian Tradition . Volume 2 Library of New Testament Studies-LNTS 302
- Chapitre 8, v 1 à 40: Article en ligne en Anglais (pdf) dans Filologia 2002.
- Chapitre 9, v 1 à 30 (lacunaire en D) : Article en ligne en Anglais (pdf) dans Filologia 2003
- Bruce M. Metzger: Commentaire en ligne
- 8,1,Il y eut en ce
jour-là, grande
persécution et tribulation contre l'Eglise
de...
Les deux termes “persécution et tribulation” sont associés quatre autres fois dans le NT; ils ne sont cependant pas équivalents;
- διωγμὸς , “la poursuite” est une persécution menée contre autrui.
- θλείψεις est une oppression envisagée généralement du point de vue de l'oppressé et qui se traduit par l'affliction ou la tribulation. «À cause de cela survint sur nous cette tribulation» Gn42:21
La leçon de D05 ne différencie pas le point de vue de l'oppresseur de celui de l'oppressé; c'est peut-être la raison qui a conduit à la disparition de θλείψεις dans la tradition Alexandrine (Idem en Ac 13:50).
L'église de Hierosolyma. Tous se dispersèrent... à
l'exception des Apôtres, qui
restèrent à Jérusalem.
Nouvelle occurrence du nom de la ville au pluriel neutre , en contraste avec la forme indéclinable dans la fin du verset, propre à D05. Les deux occurrences de Hierosolyma dans l'Évangile de Luc sont motivées par l'étymologie du nom liée au temple.
Cf. Jérusalem et Hierosolyma 


Par contre les intentions qui soutendent l'alternance continuelle des deux formes Hierosolyma et Jérusalem dans les Actes sont peu claires.
Hiérosolyma représenterait la communauté chrétienne (helléniste) tandis que Jérusalem désignerait la ville Juive (?). J Rius-Camps et Read-Heimerdinger voient dans l'alternance des deux noms un moyen pour Luc d'exprimer l'appartenance et l'évolution idéologique des disciples.
Cf. article en ligne (Anglais) 

-
8, 2 Hommes pieux, ensevelissant
Etienne .
Tous furent dispersés à l'exception des Apôtres qui demeurèrent à Jérusalem. Il semble qu'ils aient été eux-mêmes ces hommes pieux qui ensevelirent Étienne, n'hésitant pas à
manifester leur douleur par une lamentation ; la rédaction du codex Bezae (avec 1175, it, mae,
sams) offre cette possibilité, comme elle peut laisser supposer que d' autres que les Apôtres s'en chargèrent. Le texte Alexandrin a opté pour la seconde solution et retouché le texte en ce sens.
-
6 - ἐ[πε]ίθοντ[ο] = se laisser persuader est la restitution de E Boismard et M Lamouille Le texte occidental des Actes des Apôtres, 1984, II, pp. 55-56.
7 La préposition est lacunaire. F.H Scrivener proposait <παρὰ> πολλοῖ.ς
9 ἐξε[ίστανεν]= il stupéfiait : reconstitution
de J Rius Camps et J Read -Heimerdinger, op
cit, p123
Simon...se disant être quelqu'un de grand.
La même formulation adoptée en Act 5D05 à propos de Judas le Galiléen, avait été tronquée de l'adjectif grand dans la tradition Alexandrine.
12 - Le nom de Jésus Christ
Philippe annonçait
la messianité de Jésus, comme cela est dit plus haut au v 5: “il
proclamait le Christ” ; à ceux qui suivaient le mage Simon, il
opposait Jésus, le Messie annoncé par les Ecritures. Il ne le disait pas "Seigneur" mais
simplement Christ. Aussi l'Eglise de Jérusalem envoya Pierre et Jean pour
parfaire l'annonce de Philippe. Plus tard, à l'eunnuque éthiopien (partie
lacunaire dans le codex Cantabrigiensis), Philippe fit reconnaître Jésus
dans le Serviteur souffrant annoncé par Isaïe (Ac 8:35); quand il le baptisa,
l'eunnuque fit une confession de foi dans le Christ Jésus (Ac 8:37, un
verset controversé).
14 Or à Jérusalem les Apôtres entendant que la
Samarie recevait la
parole de Dieu, leur
envoyèrent
Pierre et Jean.
Hierosolyma dans la tradition Alexandrine. La leçon de D05 est cohérente avec le v1 qui met en contraste l'église persécutée de Hierosolyma puis dispersée et les Apôtres demeurés dans la ville, attachés à la religion mère.
Depuis l'épisode de la nomination des sept diacres, les décisions étaient assumées par le collège des Douze. Ils restèrent à Jérusalem malgré la persécution. La décision d'envoyer Pierre et Jean n'était pas une initiative de Pierre mais du collège des Apôtres. Pierre en était-il encore le chef?
16 Car sur aucun d'entre eux L'Esprit Saint n'était encore tombé;
La préposition “sur” est toujours suivie de l'accusatif après un verbe de mouvement; c'est le cas ici et le rédacteur, selon D05, se représentait l'Esprit Saint tombant sur l'assemblée d'une manière quasi corporelle comme lors du baptême de Jésus (Luc 3:22) . En optant pour le datif, la tradition alexandrine prenait le verbe au sens figuré.
Ils avaient
seulement été baptisés au nom du
Seigneur Jésus Christ.
Cette phrase est une remarque du rédacteur avec sa formulation habituelle "le Seigneur Jésus Christ". Les Samaritains avaient été baptisés par Philippe qui leur annonçait en Jésus le Christ, le Messie annoncé pr les prophètes (v 5 et 12).
Le nom Christ fut retiré du texte alexandrin pour des raisons liturgiques 


18 Or Simon
voyant que par l'imposition des mains des
apôtres était
donné l'Esprit Saint,
Par l'absence de l'adjectif Saint, la tradition Alexandrine donnait à entendre que Simon n'était pas interpellé par le même esprit que les Apôtres.
22 et prie le
Seigneur pour que si possible, te soit pardonnée la pensée
de ton cur
Le subjonctif au lieu du futur insiste davantage sur une clause conditionnelle. Le pronom au génitif après le verbe pardonner est récurrent en D05.
24 je vous en
supplie, vous, priez Dieu à mon sujet, afin qu'il ne
vienne sur moi aucun de ces maux que
vous m'avez dit. Il pleurait beaucoup sans intermitence.
["Priez vous-mêmes le Seigneur en ma faveur, pour qu'il ne m'arrive rien de ce que vous avez dit."]
Dans la tradition Alexandrine la réaction de Simon ressemble à un défi alors que dans le codex Cantabrigiensis, le mage paraît véritablement effrayé par le châtiment promis. Mais cette réaction ne correspond guère à l'idée que l'on pouvait se faire du personnage qui allait s'illustrer jusqu'à Rome à travers le mouvement Gnostique.
27 - un
homme Ethiopien, eunuque , haut fonctionnaire de Candace, une certaine reine
des Éthiopiens, qui était
sur tous ses trésors.
τινὸς est à la fois masculin et féminin = un certain ou une certaine; là où il est placé, il se rapporte à la reine.
Ses trésors: littéralement, les trésors de lui; αὐτοῦ: est masculin ou neutre. Est-ce une rreur de copiste? Un sous-entendu symbolique?
Lacune du texte grec Ac 8:29 à 10:14; Lacune du texte latin Ac 8:20 à 10:3
note sur le v 37: εἶπεν δὲ αὐτῷ ὁ Φίλιππος: Εἰ πιστεύεις ἐξ ὅλης τῆς καρδίας σου, ἔξεστιν. ἀποκριθεὶς δὲ ὁ εὐνοῦχος εἶπεν αὐτῷ : Πιστεύω τὸν υἱὸν τοῦ θεοῦ εἶναι Ἰησοῦν Χριστόν
«Philippe dit : Si tu crois de tout ton coeur, cela est possible. L'eunuque
lui répondit : Je crois que le Fils de Dieu est Jésus Christ . » cf.
Irénée : credo filium Dei esse Iesum (Christum), Adv Haer III 12,8.
Cet
eunnuque ne confessait pas la divinité de Jésus mais le Fils de Dieu pouvait
représenter celui qui exerce à la fois le rôle politique et religieux (cf
Lc 22:70) .
Le codex Cantabrigiensis est malheureusement lacunaire ici et les manuscrits
recensés comportant ce verset présentent des différences, notamment sur
l'article devant Jésus, inversant sujet et attribut (notamment E): “Je crois
que Jésus Christ est le Fils de Dieu”. Ce serait alors la divinité de Jésus
que l'homme confessait.
Ce verset pourrait avoir
été retiré de la tradition Alexandrine à cause
de la confession de foi de l'eunnuque au "Christ" puisqu'elle la réservait
à ceux qui, après avoir été baptisés, recevaient l'Esprit Saint par l'imposition
des mains; ce qui n'était pas le cas de l'eunnuque.
- cf note sur Ac 8:6



Critique textuelle du verset, cf aticle
en ligne p 130-1